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La réduction du risque d’infection périnatale chez les nouveau-nés de mères dont les soins prénatals étaient inappropriés

Affichage : le 3 avril 2023 | Mise à jour : le 9 février 2024


La Société canadienne de pédiatrie vous autorise à imprimer une copie unique de ce document tiré de notre site Web. Pour obtenir l'autorisation d'en réimprimer ou d'en reproduire des copies multiples, lisez notre politique sur les droits d'auteur, à l'adresse www.cps.ca/fr/policies-politiques/droits-auteur.

Auteur(s) principal(aux)

Ari Bitnun MD, Laura Sauvé MD, Sergio Fanella MD,

Résumé

Le risque que des infections maternelles ne soient ni décelées ni traitées augmente lorsque les soins prénatals sont inappropriés, ce qui met la santé de la mère et de son nouveau-né à risque. Lorsqu’une femme enceinte se présente tardivement pour recevoir des soins, les tests systématiques qui influent sur la prise en charge du nouveau-né devraient inclure l’antigène de surface de l’hépatite B (AgHBs), la sérologie du virus de l’hépatite C (VHC), du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et de la syphilis, de même que le dépistage de la Chlamydia trachomatis et de la Neisseria gonorrhoeae. Si la mère ne s’est pas soumise aux dépistages avant ou après l’accouchement et qu’elle n’est pas disponible pour s’y soumettre, il faudrait procéder au dépistage du VIH, du virus de l’hépatite B (VHB), du VHC et de la syphilis chez le nouveau-né. Le dépistage de la C. trachomatis et de la N. gonorrhoeae est toutefois réservé aux cas où le nouveau-né démontre des manifestations cliniques compatibles avec ces infections. Il est optimal d’obtenir rapidement les résultats du dépistage du VIH, du VHB et de la syphilis, car l’utilisation des traitements préventifs est circonscrite dans le temps. Il existe des interventions préventives précoces et efficaces pour les nouveau-nés à risque de VIH, de VHB, de syphilis ou de gonorrhée. Un suivi clinique étroit et des tests de suivi s’imposent auprès des nouveau-nés de mères dont les soins prénatals étaient inappropriés, car il est impossible d’exclure pleinement toutes les infections pendant la période périnatale.

Contexte

Le risque que des infections maternelles ne soient ni décelées ni traitées augmente lorsque les soins prénatals sont inappropriés ou inexistants, ce qui met la santé de la mère et de son nouveau-né à risque. De nombreux corrélats des soins prénatals inappropriés recoupent ceux qui sont associés à des taux élevés d’infections transmissibles sexuellement (ITS) ou par le sang et d’autres infections à transmission verticale [1]. Au Canada, les populations traditionnellement marginalisées (p. ex., populations racisées, populations autochtones et nouveaux arrivants) sont surreprésentées parmi celles qui reçoivent des soins prénatals sous-optimaux. Sur le plan individuel, les facteurs de risque de soins prénatals inappropriés incluent la grossesse à l’adolescence, la parité élevée, la pauvreté, le chômage, l’itinérance, l’emprisonnement, les troubles de consommation de substances psychoactives et la monoparentalité [2][12].

 Le présent document de principes contient des conseils sur la prise en charge aiguë des nouveau-nés de mères qui ont reçu des soins anténatals limités ou qui n’en ont pas reçu du tout, afin de réduire le risque de transmission verticale d’infections et d’en favoriser le traitement précoce lorsque celles-ci se déclarent. Il s’attarde plus particulièrement aux infections transmissibles sexuellement ou par le sang, à l’égard desquelles des tests diagnostiques sont recommandés ou des interventions préventives sont offertes pour la mère ou le nouveau-né. Il complète des documents de principes de la Société canadienne de pédiatrie sur d’autres agents pathogènes ou des syndromes particuliers[13][17]. La prise en charge des infections maternelles pendant la grossesse dépasse la portée de la pratique pédiatrique et n’est pas détaillée. Les nombreux enjeux non reliés à des infections qui compromettent la santé des nouveau-nés dont les mères ont reçu des soins anténatals limités ou n’en ont pas reçu ne sont pas davantage abordés.

Les agents pathogènes à l’égard desquels un dépistage systématique est recommandé pendant la grossesse

Au Canada, il est recommandé de procéder systématiquement au dépistage prénatal du virus de l’hépatite B (VHB), du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), de la syphilis, du Streptococcus agalactiae (streptocoque du groupe B [SGB]), de la Chlamydia trachomatis et de la Neisseria gonorrhoeae, ainsi que de confirmer l’immunité contre la rubéole[18].

Le virus de l’hépatite B

Au Canada, la prévalence d’infections par le VHB en cours ou résolues s’élève à environ 5 %, tandis que celle d’infections chroniques par le VHB (état de porteur) s’établit à environ 0,5 % [19]. Être né d’une mère porteuse chronique est le facteur de risque prédominant de ce type d’infection. Les autres personnes dont le risque est élevé sont celles qui s’injectent des drogues, dont les membres du ménage sont des porteurs chroniques, qui ont immigré d’une région endémique ou qui présentent des facteurs de risque d’ITS.

 En l’absence d’interventions préventives, de 70 % à 90 % des mères qui obtiennent un résultat positif à l’antigène de surface et à l’antigène e de l’hépatite B (AgHBs et AgHBe), et de 5 % à 20 % de celles dont les résultats sont positifs à l’AgHBs, mais négatifs à l’AgHBe, transmettront le virus à leur nouveau-né, et environ 90 % des nouveau-nés infectés deviendront des porteurs chroniques[20]. Le risque de transmission verticale du VHB diminue d’environ 95 % lorsqu’on administre le vaccin contre le VHB et des immunoglobulines contre l’hépatite B (IgHB) au nouveau-né dans les 12 heures suivant sa naissance. Le risque de transmission se situe entre 15 % et 30 % malgré la vaccination et l’injection d’IgHB chez les mères dont la charge virale est élevée (de 106 à 108 UI/mL ou résultat positif à l’AgHBe), mais peut diminuer considérablement grâce à l’administration de médicaments antiviraux comme le ténofovir et la telbivudine pendant les deuxième et troisième trimestres de grossesse[20].

Le virus de l’immunodéficience humaine

Grâce au dépistage systématique pendant la grossesse, au traitement de la mère par une polythérapie antirétrovirale pendant la grossesse, à l’administration intraveineuse de zidovudine pendant la période intrapartum et à l’alimentation exclusive à l’aide d’une préparation commerciale, le risque de transmission périnatale du VIH a reculé au Canada, passant de 20,2 % entre 1990 et 1996 à 2,9 % entre 1997 et 2010, puis à 1,0 % entre 2011 et 2016[21][22]. Dans les dyades mère-nouveau-né dont la mère a entrepris un traitement au moins quatre semaines avant l’accouchement, le risque se limitait à 0,2 %[21]. Les occasions ratées de prévention, observées dans les 125 cas de transmission périnatale entre 1997 et 2016, incluaient un diagnostic tardif chez la mère (pendant la période intrapartum ou post-partum) dans environ 70 % des cas, et un traitement inapproprié de la mère malgré un diagnostic anténatal dans environ 30 % des cas[21].

 Les interventions qui peuvent réduire le risque de transmission périnatale chez les mères qui reçoivent un diagnostic de VIH vers la fin de la grossesse ou pendant la période intrapartum incluent l’initiation immédiate d’une polythérapie antirétrovirale à la mère, l’administration intraveineuse de zidovudine pendant le travail et une césarienne lorsque la charge virale de la mère atteint au moins 1 000 copies/mL. Il est démontré que l’administration d’un traitement anticipé (qu’on appelle aussi préemptif) au nouveau-né, sous forme de polythérapie antirétrovirale, réduit le risque de transmission périnatale par rapport à une monothérapie à la zidovudine chez les mères non traitées dont le diagnostic de VIH est posé pendant la période intrapartum[23].

La sous-espèce pallidum du Treponema pallidum (syphilis)

La syphilis est au troisième rang des ITS à déclaration obligatoire au Canada, après les ITS attribuables à la C. trachomatis et la N. gonorrhoeae (24). Le taux de syphilis a augmenté régulièrement depuis le début des années 2000, pour atteindre 24,7 cas sur 100 000 habitants en 2020[25]. La plus forte augmentation est constatée chez les personnes de 15 à 39 ans[26]. Entre 2016 et 2020, le taux de syphilis chez les femmes a explosé, atteignant 740 % par rapport à 70 % chez les hommes, les femmes représentant environ 30 % de l’ensemble des cas en 2020. Le taux de syphilis congénitale a aussi augmenté considérablement; en effet, 103 cas confirmés ont été signalés entre 2019 et 2020, par rapport à 20 entre 2016 et 2018[26].

 Le risque de transmission verticale lorsque la mère n’est pas traitée se situe entre 60 % et 100 % en cas de syphilis primaire et secondaire, à 40 % en cas de syphilis latente précoce et peut atteindre 10 % en cas de syphilis latente tardive[27]. Le risque de syphilis congénitale diminue considérablement, sans être entièrement éliminé, grâce à l’administration d’un traitement à la pénicilline intramusculaire à la mère au moment opportun pendant la période anténatale[28].

La Chlamydia trachomatis

Compte tenu de l’incidence déclarée de 363,2  cas sur 100 000 habitants en 2018, la C. trachomatis est la cause d’ITS la plus fréquente au Canada[29]. Environ les trois quarts des cas sont signalés chez des personnes de 15 à 29 ans : l’incidence s’élève à 1 209,0, à 1 870,5 et à 1 024,8 cas sur 100 000 habitants chez les 15 à 19 ans, les 20 à 24 ans et les 25 à 29 ans, respectivement[30]. Au total, 60 % des cas touchent des femmes. De 30 % à 50 % des nouveau-nés de mères atteintes d’une infection active non traitée développeront une conjonctivite clinique, généralement entre deux et trois semaines de vie, et de 10 % à 20 % contracteront une pneumonie, généralement entre quatre et huit semaines de vie[31][32]. Le traitement anténatal de la mère par une monodose d’un gramme d’azithromycine par voie orale (ou par une dose de 500 mg d’amoxicilline trois fois par jour pendant sept jours ou de 500 mg d’érythromycine quatre fois par jour pendant sept jours) est hautement efficace et réduit considérablement le risque de transmission verticale[18].

La Neisseria gonorrhoeae

Entre 2009 et 2018, le taux de gonorrhée s’est accru de 190 % au Canada, et 56 % des cas touchaient des personnes de 15 à 29 ans, dont le quart était des femmes[29]. En l’absence de traitement de la mère ou de prophylaxie néonatale, le risque de conjonctivite gonococcique du nouveau-né se situe entre 30 % et 50 %[33][34], la plupart des cas se manifestant pendant la première semaine de vie par un écoulement oculaire purulent bilatéral et un important œdème des paupières. Les autres manifestations incluent un abcès du cuir chevelu et une infection disséminée, qui peut prendre la forme d’une bactériémie isolée ou d’infections focales comme l’arthrite ou la méningite. Le traitement anténatal par une monodose intramusculaire de ceftriaxone (250 mg) ou une monodose de céfixime par voie orale (800 mg) est hautement efficace et réduit considérablement le risque de transmission verticale[18].

Dans certaines régions sociosanitaires du Canada, l’application systématique d’un onguent d’érythromycine pour prévenir la conjonctivite néonatale attribuable à la N. gonorrhoeae est prescrite par la loi, même si son efficacité a été remise en question[14].

Le Streptococcus agalactiae (streptocoque du groupe B)

Le S. agalactiae (SGB) est une cause importante de sepsis néonatal et d’infections focales comme la pneumonie et la méningite. La chimioprophylaxie intrapartum consécutive au dépistage pendant la grossesse ou aux facteurs de risque de maladie néonatale réduit considérablement le risque d’infection à apparition précoce (de zéro à six jours de vie), mais pas d’infection à apparition tardive (à compter de sept jours de vie) chez le nouveau-né[16].

Le virus de la rubéole

Le syndrome de rubéole congénitale est d’une extrême rareté au Canada, et tous les cas signalés depuis 2006 ont touché des femmes infectées avant leur arrivée au pays. Toutes les femmes qui n’ont pas de preuve de vaccination antérieure par un vaccin à composant antirubéoleux ou dont le titre d’anticorps n’est pas protecteur contre la rubéole au dépistage anténatal devraient recevoir une dose du vaccin RRO dans la période post-partum immédiate, de préférence avant leur congé de l’hôpital.

Les agents pathogènes à l’égard desquels il faudrait envisager le dépistage sélectif des mères ou des nouveau-nés

Les soins prénatals systématiques permettent d’évaluer de nombreuses infections qui ne font pas l’objet d’un dépistage systématique, mais dont la transmission congénitale, intrapartum ou post-partum au nouveau-né est possible par un contact étroit avec la mère ou par le lait maternel. Lorsqu’une femme se présente en fin de grossesse ou à l’accouchement, l’ampleur de l’évaluation est en fonction de son cas.

Le virus de l’hépatite C

La prévalence estimative de l’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) au Canada oscille entre 0,5 % et 1,0 %[35]. La consommation de drogues injectables est le facteur de risque prédominant, observée dans au moins les deux tiers des cas[36]. Les autres facteurs de risque incluent la consommation de substances psychoactives par la mère, l’infection par le VHC chez la mère, la naissance dans un pays où la séroprévalence du VHC est élevée, ou des comportements sexuels de la mère susceptibles de la mettre en présence de sang. Le risque moyen de transmission périnatale du VHC correspond à environ 6 %[37]. Des facteurs peuvent accroître ce risque, tels que la co-infection par le VIH, une charge virale du VHC élevée chez la mère, le monitorage fœtal interne, une rupture prolongée des membranes, le fait d’être le deuxième jumeau et le sexe féminin du nouveau-né. Aucune donnée probante n’indique actuellement que le mode d’accouchement influe sur le risque de transmission, que le VHC peut être transmis par le lait maternel et que les médicaments antiviraux à action directe préviennent la transmission verticale du VHC. Aux États-Unis, la Society for Maternal-Fetal Medicine (société de médecine fœto-maternelle) recommande le dépistage systématique du VHC pendant la grossesse, et cette stratégie pourrait être adoptée au Canada dans un avenir rapproché[38]. En attendant, une approche du dépistage fondée sur les risques est recommandée[36][39].

Le virus Herpes simplex

Il est important d’envisager le virus Herpes simplex (VHS) en raison de la gravité de l’infection en période néonatale, de l’efficacité de la prophylaxie antivirale pendant la grossesse chez les femmes atteintes d’un VHS génital récurrent, de l’efficacité de la césarienne à réduire la transmission verticale lorsque les femmes ont des symptômes prodromiques ou des lésions actives à l’accouchement, et de la disponibilité d’un traitement antiviral pour les nouveau-nés atteints[13][40]. En présence de lésions susceptibles d’être causées par le VHS chez la mère au moment de l’accouchement ou aux alentours de cette période, il faudrait effectuer des prélèvements de ces lésions en vue d’un test d’amplification en chaîne par polymérase (PCR)[40].

Le cytomégalovirus

Le cytomégalovirus (CMV), qui est la principale cause d’infection congénitale, touche environ 0,5 % des nouveau-nés du Canada. Les femmes aux prises avec des déterminants sociaux de la santé indésirables, y compris celles dont les soins anténatals sont limités ou inexistants, peuvent être plus vulnérables à une telle infection pendant la grossesse. Le dépistage néonatal systématique du CMV ne fait pas partie des recommandations pancanadiennes en ce moment, mais les nouveau-nés qui présentent des symptômes compatibles avec une infection congénitale causée par ce virus, tels qu’un retard de croissance intra-utérine inexpliqué, une hépatite, une éruption pétéchiale accompagnée d’une thrombopénie ou une microcéphalie, et ceux qui échouent leur dépistage auditif devraient être soumis à un test PCR CMV dans l’urine ou la salive avant trois semaines de vie, afin de déceler une éventuelle infection congénitale par le CMV[41].

Recommandations

Dans les situations suivantes, il est recommandé de procéder au dépistage des maladies infectieuses chez les mères au moment de l’accouchement ou immédiatement après ou à celui des nouveau-nés immédiatement après la naissance si leur mère n’est pas disponible :

  • Lorsque les tests prénatals systématiques pour dépister les infections n’ont pas été effectués ou que les résultats ne sont pas disponibles.
  • Lorsque les tests prénatals précoces étaient négatifs, mais que la mère ou que son ou ses partenaires sexuels sont présumés avoir couru un risque d’infection par la suite ou continuer à en courir un. Les indicateurs de risque maternel continu incluent la consommation de substances psychoactives (particulièrement les drogues injectables) pendant la grossesse, le partage d’accessoires utilisés pour la consommation de drogues (injectables ou non), les relations sexuelles avec de nouveaux partenaires, de multiples partenaires ou des partenaires anonymes, la présence d’une infection transmissible sexuellement (ITS) confirmée ou des antécédents d’itinérance ou d’incarcération.
  • Lorsque l’épidémiologie locale préconise la reprise du dépistage d’un agent pathogène donné chez toutes les femmes en fin de grossesse.

L’évaluation de référence des infections chez les mères qui sont disponibles pour se soumettre au dépistage en fin de grossesse ou au moment de l’accouchement inclut :

  • le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), du virus de l’hépatite B (VHB), du virus de l’hépatite C (VHC), de la syphilis, de la Chlamydia trachomatis et de la Neisseria gonorrhoeae (tableau 1)
  • Effectuer :
  • un écouvillon rectovaginal pour culture du Streptococcus agalactiae (streptocoque du groupe B) le plus tôt possible après 36+0semaines de grossesse, afin de se donner le temps de prendre des décisions quant à la prophylaxie intrapartum;
  • un test d’amplification en chaîne par polymérase (PCR) sur les prélèvements des lésions génitales évocatrices du virus Herpes simplex (VHS) chez la mère, si elles sont observées à l’accouchement ou aux alentours de cette période.

Il n’est généralement pas nécessaire d’effectuer des tests de référence chez les nouveau-nés en attendant les résultats du dépistage du VIH, du VHB, du VHC et de la syphilis chez la mère. Lorsque la mère obtient un résultat positif à l’un ou l’autre de ces agents pathogènes ou que ses antécédents laissent supposer un risque d’infection en fin de grossesse, il est recommandé d’effectuer des tests de suivi à la fois chez la mère et son nouveau-né, en consultation avec un infectiologue.

Tableau 1. Le bilan systématique des infections transmissibles sexuellement et par le sang chez les mères dont les soins prénatals étaient inappropriés et qui se présentent en fin de grossesse ou à l’accouchement

Agent pathogène

Test

Méthodologie du test

VIH

Sérologie*

Urgent; préférence accordée à un TPI accompagné d’une sérologie de confirmation (si celle-ci n’est pas disponible, procéder à une sérologie standard)

 

PCR ou charge virale

Utilisation sélective pour les femmes présumées être très vulnérables à une infection par le VIH en fin de grossesse, lorsqu’on envisage d’administrer au nouveau-né une prophylaxie ou un traitement anticipé empiriques, sous forme d’antirétroviraux§

VHB

AgHBs*

Urgent

VHC

Sérologie

Dépistage urgent non exigé

Syphilis

Sérologie*

Urgent**; préférence accordée à un TPI accompagné d’une sérologie de confirmation (si celle-ci n’est pas disponible, procéder à une sérologie standard)

C. trachomatis

TAAN

Autoprélèvement d’un écouvillon vaginal†† OU

 

TAAN

Prélèvement d’un écouvillon cervical par un professionnel de la santé OU

 

TAAN

Urine de premier jet

N. gonorrhoeae

TAAN ou culture*

Autoprélèvement d’un écouvillon vaginal†† OU

 

TAAN ou culture*

Prélèvement d’un écouvillon endocervical par un professionnel de la santé OU

 

TAAN*

Urine de premier jet

AgHBs antigène de surface de l’hépatite B; PCR amplification en chaîne par polymérase; TAAN test d’amplification des acides nucléiques; VHB virus de l’hépatite B; VHC virus de l’hépatite C; VIH virus de l’immunodéficience humaine; TPI test au point d’intervention

*    Un test d’urgence est recommandé, car les résultats influent sur la prise en charge immédiate de la mère et du nouveau-né. Les résultats de l’AgHBs et de la sérologie du VIH devraient être disponibles dans les six à 12 heures suivant la naissance, et les résultats de la sérologie de la syphilis, avant le congé du nouveau-né.

†    Si le test d’urgence n’est pas disponible, consulter un spécialiste du VIH pédiatrique au sujet de la prise en charge en attendant les résultats.

‡    Le TPI peut être effectué au chevet du patient pour obtenir un résultat presque instantané.

§    Justifié dans les situations où la mère est présumée être très vulnérable à une infection récente (avant la séroconversion; voir le texte relatif aux facteurs de risque).

¶    Voir la figure 2 pour connaître la prise en charge en fonction de la disponibilité des résultats des tests d’urgence.

** Si le test d’urgence n’est pas disponible, il est essentiel de garantir un suivi étroit auprès du nouveau-né afin de pouvoir entreprendre une prise en charge appropriée une fois les résultats obtenus.

†† L’autoprélèvement d’un écouvillon vaginal est favorisé; le prélèvement d’un écouvillon cervical par un professionnel de la santé est une solution de rechange raisonnable; l’urine de premier jet est une possibilité, mais, sur le plan logistique, est moins facile à obtenir.

L’évaluation de référence des infections chez les nouveau-nés dont la mère n’est pas disponible pour se soumettre au dépistage inclut :

  • le dépistage du VIH, du VHB, du VHC et de la syphilis (tableau 2).

Chez les nouveau-nés qui développent une conjonctivite peu après la naissance, prélever un écouvillon conjonctival en vue d’un test d’amplification des acides nucléiques (TAAN) ou d’une culture pour déceler la C. trachomatis, ainsi que d’une culture gonococcique. Effectuer également les cultures bactériennes appropriées.

Chez les nourrissons qui contractent une pneumonie dans les six à huit premières semaines de vie, obtenir un écouvillon nasopharyngé en vue du TAAN de la C. trachomatis.

Consulter un épidémiologiste ou un microbiologiste infectiologue local pour s’assurer de recueillir les prélèvements appropriés. Il n’est pas nécessaire de procéder au dépistage de la C. trachomatis ou de la N. gonorrhoeae en l’absence de symptômes cliniques.

Tableau 2. Le bilan systématique des infections transmissibles sexuellement ou par le sang chez les nouveau-nés dont la mère n’est pas disponible pour se soumettre au dépistage

Agent pathogène

Test

 

Raison d’être et méthodologie du test

VIH

Sérologie*,

 

Évaluation pour déceler l’infection maternelle

Préférence accordée à un TPI accompagné d’une sérologie de confirmation (si celle-ci n’est pas disponible, procéder à une sérologie standard)§

 

PCR ou charge virale

 

Utilisation sélective lorsque le dépistage sérologique est réactif ou que les antécédents de la mère laissent croire à la possibilité d’acquisition du VIH en fin de grossesse (avant la séroconversion)

VHB

Anti-HBs (AgHBs)  

Principalement pour établir de manière indirecte le statut immunitaire de la mère

VHC

Sérologie**

 

Évaluation pour déceler l’infection ou l’immunité chez la mère

Syphilis

Sérologie*,††

 

Évaluation pour déceler l’infection chez la mère et le nouveau-né

Préférence accordée à un TPI accompagné d’une sérologie de confirmation (si celle-ci n’est pas disponible, procéder à une sérologie standard)§

AgHBs antigène de surface de l’hépatite B; anti-HBs anticorps contre l’antigène de surface de l’hépatite B; PCR amplification en chaîne par polymérase; TPI test au point d’intervention; VHB virus de l’hépatite B; VHC virus de l’hépatite C; VIH virus de l’immunodéficience humaine

* Un test d’urgence est recommandé, car les résultats influent sur la prise en charge immédiate du nouveau-né. Les résultats de l’AgHBs et de la sérologie du VIH devraient être disponibles dans les six à 12 heures suivant la naissance, et les résultats de la sérologie de la syphilis, avant le congé du nouveau-né.

†    Si le test d’urgence n’est pas disponible, consulter un spécialiste du VIH pédiatrique au sujet de la prise en charge en attendant les résultats.

‡    L’anti-HBs reflète les anticorps maternels transmis par voie transplacentaire. Un AgHBs réactif chez le nouveau-né n’est pas diagnostique d’infection, car il peut refléter la présence de       particules virales non intactes transitoires provenant de la mère.

§     Le TPI peut être effectué au chevet du patient pour obtenir un résultat presque instantané.

¶    Un résultat négatif n’exclut pas une infection par le VIH acquise pendant la période périnatale.

**  Il n’est pas nécessaire d’effectuer un test d’urgence, car les résultats n’influeront pas sur la prise en charge immédiate. Tous les nouveau-nés qui obtiennent un résultat sérologique positif devraient être soumis à un test de suivi, conformément à la référence 17.

†† Si le test d’urgence n’est pas disponible, il est essentiel de garantir un suivi étroit auprès du nouveau-né afin de pouvoir entreprendre une prise en charge appropriée une fois les résultats obtenus.

La prise en charge des nouveau-nés à risque d’infection, accompagnée de tests de suivi, est recommandée dans les situations suivantes :

  • VIH: Lorsque la sérologie de référence du VIH est réactive chez la mère (ou le nouveau-né) ou que les résultats des tests moléculaires sont positifs chez la mère, le nouveau-né devrait être soumis à un test PCR VIH ou à une mesure de la charge virale ; il devrait également recevoir une prophylaxie ou un traitement anticipé composé d’une polythérapie antirétrovirale avant six à 12 heures de vie. Cette recommandation repose sur le risque élevé de transmission périnatale du VIH (figure 1). Lorsque les résultats des tests sont négatifs ou qu’ils ne sont pas disponibles chez la mère et qu’un risque est soulevé en raison de son histoire récente, envisager d’administrer une thérapie antirétrovirale au nouveau-né en attendant les résultats. La consultation et le suivi auprès d’un expert du VIH pédiatrique ou d’un infectiologue pédiatrique sont recommandés dans tous ces cas. (Pour obtenir de l’information sur les experts du VIH pédiatrique et les cliniques de VIH pédiatrique, consulter le site Web du Groupe canadien de recherche pédiatrique et périnatale sur le VIH/sida, à https://www.cparg.ca/). L’alimentation exclusive par des préparations commerciales est recommandée en attendant d’exclure l’infection par le VIH chez la mère.
  • VHB : Les recommandations en matière de tests et de traitements tirées du Guide canadien d’immunisation sont énoncées à la figure 2 (https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/guide-canadien-immunisation-partie-4-agents-immunisation-active/page-7-vaccin-contre-hepatite-b.html). L’allaitement n’est pas contre-indiqué.
  • VHC : Aucun traitement n’est recommandé, et l’allaitement n’est pas contre-indiqué. L’allaitement devrait toutefois être interrompu temporairement si les seins de la mère sont gercés ou s’ils saignent. Il est recommandé de procéder à des tests de suivi appropriés, conformément aux directives figurant dans le document de principes de la SCP intitulé La prise en charge des nourrissons, des enfants et des adolescents vulnérables à l’infection par le virus de l’hépatite C.
  • VHS : La prise en charge des nouveau-nés exposés au virus est expliquée dans le document de principes de la SCP intitulé La prévention et la prise en charge des infections par le virus herpès simplex.
  • C. trachomatis : Il n’est pas nécessaire d’entreprendre un traitement empirique chez les nouveau-nés asymptomatiques exposés à cette bactérie. Il est toutefois approprié d’assurer un suivi étroit afin de déceler tout symptôme clinique d’infection. Les nouveau-nés qui contractent une conjonctivite ou une pneumonie devraient se soumettre à des prélèvements cliniques en vue d’un dépistage par culture ou test moléculaire, conformément aux recommandations locales. Ceux dont le résultat est positif devraient se faire administrer de l’érythromycine base ou de l’éthylsuccinate d’érythromycine (50 mg/kg/jour divisés en quatre doses) pendant 14 jours ou de l’azithromycine (20 mg une fois par jour) pendant trois jours. Se reporter au document de principes de la SCP intitulé Mise à jour sur l’infection congénitale à cytomégalovirus : la prévention prénatale, le diagnostic néonatal et la prise en charge.
  • N. gonorrhoeae : Il faut administrer une monodose de ceftriaxone (50 mg/kg, jusqu’à concurrence de 125 mg) par voie intramusculaire ou intraveineuse aux nouveau-nés asymptomatiques dont la mère a obtenu un résultat positif au dépistage, mais n’a pas été traitée avant l’accouchement. Une monodose de céfotaxime (100 mg/kg) par voie intramusculaire ou intraveineuse constitue une solution acceptable lorsque la ceftriaxone est contre-indiquée. On ne peut pas recommander un traitement empirique chez les nouveau-nés de mères dont on ne connaît pas les antécédents et qui ne sont pas disponibles pour se soumettre au dépistage, mais ces nouveau-nés devraient faire l’objet d’un suivi étroit et d’une prise en charge en fonction de leurs symptômes.
  • S. agalactiae : Il faut prendre en charge les nouveau-nés conformément au document de principes de la SCP intitulé La prise en charge des nouveau-nés à terme à risque de sepsis bactérien d’apparition précoce.
  • Treponema pallidum : Si la sérologie de la syphilis est réactive chez la mère, si celle-ci n’est pas disponible pour se soumettre au dépistage ou si elle n’a pas reçu un traitement approprié avant ou pendant sa grossesse et que la sérologie de son nouveau-né est réactive, celui-ci devrait faire l’objet de tests et être traité. Un document de principes de la SCP sur la syphilis devrait être ppublié en 2023.

Figure 1. Dépistage et prise en charge liés au virus de l’immunodéficience humaine

Figure 2. Prise en charge du nouveau-né liée au virus de l’hépatite B lorsque la mère est disponible pour se soumettre au dépistage*

Remerciements

Le comité d’étude du fœtus et du nouveau-né, le comité de la pédiatrie communautaire et le comité de la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis de la Société canadienne de pédiatrie ont révisé le présent document de principes, de même que Le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada et que des membres du comité de pratique clinique en obstétrique et du comité des maladies infectieuses de la Société des obstétriciens et gynécologues. Le Groupe canadien de recherche pédiatrique et périnatale sur le VIH/sida l’a également révisé et approuvé.


COMITÉ DES MALADIES INFECTIEUSES ET D’IMMUNISATION DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE (2021-2022)

Membres : Michelle Barton MD; Ari Bitnun MD; Sergio Fanella MD; Laura Sauvé MD (présidente); Raphael Sharon MD (représentant du conseil); Karina A. Top MD

Représentants : Ari Bitnun MD, Groupe canadien de recherche pédiatrique et périnatale sur le VIH/sida; Cheryl Foo MD, Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT); Fahamia Koudra MD, Le Collège des médecins de famille du Canada; Yvonne Maldonado MD, comité des maladies infectieuses, American Academy of Pediatrics; Dorothy L. Moore MD, Comité consultatif national de l’immunisation; Marina Salvadori MD, Agence de la santé publique du Canada; Isabelle Viel-Thériault MD, Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, Agence de la santé publique du Canada

Conseillère : Noni E. MacDonald MD

Auteurs principaux : Ari Bitnun MD, Laura Sauvé MD, Sergio Fanella MD


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Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.

Mise à jour : le 22 avril 2024